« Le Collectif » à la journée régionale sur « La participation citoyenne dans les quartiers »
Jeudi 1er juin, l’IREV a organisé une journée régionale sur la participation citoyenne. L’association « Le Collectif – tous acteurs de notre ville » avait répondu à l’appel pour témoigner de son expérience en matière de concertation dans les projets urbains. Nous avons ainsi participé à cette journée enrichissante et partagé nos réflexions sur la démocratie participative.
Avant de vous proposer un compte-rendu de la journée, nous tenions à remercier l’IREV pour cette journée très ouverte et en particulier Pierre-Edouard Martin pour l’animation de l’atelier auquel nous avons participé.
La présentation de la journée et le programme sont disponibles à irev.fr/action/journée-régionale-participation-citoyenne-dans-quartiers-1er-juin-2016
De la politique de la ville en France aux expériences européennes
La matinée était consacrée à des tables rondes sur les conseils citoyens dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et sur des exemples étrangers, particulièrement intéressants :
- à Anvers avec l’expérience « StRaten-generaal » www.stratengeneraal.be/ que l’on peut traduire par « Assemblée générale des rues », présentée par Geert Lambrechts,
- et à Londres ou à Grenoble avec l’expérience du « community organizing », présentée par Hélène Balazard.
« StRaten-generaal » Anvers
On retiendra à Anvers que les avis de l’Assemblée doivent obligatoirement (non pas accessoirement) être intégrés dans la décision publique. En outre, lorsqu’un projet est engagé, « l’Assemblée générale des rues » reçoit toutes les informations en amont et joue un rôle de médiateur, de tribunal même : si quelqu’un s’y oppose, l’administration doit venir expliquer son plan et StRaten-general délibère.
Notons que notre proposition de médiation sur les projets urbains conflictuels par le conseil de développement de la MEL peut être considérée comme une étape en ce sens (proposition n°10 du courrier au président de la MEL le-collectif.org/2016/02/lettre-concertation-damien-castelain/ reprise dans notre contribution à la Fabrique de la participation citoyenne le-collectif.org/2016/06/fabrique-citoyenne-concertation/).
L’expérience du community organizing
Auteure du livre « Agir en démocratie » participation-et-democratie.fr/fr/content/agir-en-democratie, Hélène Balazard parle du besoin d’une « 3e brique démocratique ».
La démocratie représentative (1re brique) qui présente bien des limites (unanimement dénoncées) est complétée par la démocratie participative « institutionnelle » (2e brique) mise en place dans certaines villes en France.
La 3e brique est celle de la « démocratie d’interpellation » par les citoyens dans une démarche ascendante. Selon la chercheuse en science politique, cette 3e brique démocratique devrait être stimulée par un fond autonome d’interpellation citoyenne. Plusieurs mouvements proposent d’alimenter ce fond par un prélèvement sur le financement public des partis politiques et sur la réserve parlementaire, afin de « soutenir la prise de parole citoyenne » en-dehors des seuls partis (appel à blogs.mediapart.fr/edition/les-batailles-de-legalite/).
Atelier « Comment garantir l’accès de tous au débat citoyen ? »
L’après-midi était consacré à des ateliers. Celui dans lequel nous participions était intitulé « Comment garantir l’accès de tous au débat citoyen ? ». Trois communications se sont succédées :
- une première intervention de Jonathan Larivière présentait les tables citoyennes d’Hazebrouck et les résultats obtenus pour nourrir le projet « Politique de la ville » ;
- une deuxième intervention relatait l’expérimentation des tables de quartiers, plus particulièrement celle du Pile à Roubaix co-portée par l’ANRJ – Association nouveau regard sur la jeunesse, Sophie Roux, et l’Université populaire et citoyenne – Anne Lescieux ;
- notre intervention était la troisième de l’atelier sur la mise en place de notre collectif citoyen à Saint-André-Lez-Lille.
Tables citoyennes à Hazebrouck
La présentation d’Hazebrouck témoigne d’une vraie ambition de la ville en matière de démocratie participative ville-hazebrouck.fr/vie-locale/la-parole-aux-habitants/ca-bouge/politique-de-la-ville/. La volonté était de faire écrire le contrat de ville par les habitants eux-mêmes. Les services de la ville ont cherché à faire contribuer tous les habitants, y compris ceux que l’on entend rarement dans les concertations : les jeunes. Autour d’une animation à leur destination (une fresque dans le quartier), les jeunes se sont exprimés plus facilement.
Table de quartiers à Roubaix
À Roubaix, l’association ANRJ anime une des 12 « tables de quartier » expérimentales en France (voir le site du gouvernement ville.gouv.fr/?tables-de-quartier, ou Expérimentation tables de quartier portée par la Fédération des centres sociaux expetablesdequartier.centres-sociaux.fr/.
Ces dispositifs participatifs revendiquent pleinement la place et le rôle de la vie associative dans la politique locale. Dans le quartier du Pile à Roubaix, la table de quartier se concentre principalement sur la question du logement en s’inscrivant dans une dynamique de participation citoyenne autonome des pouvoirs publics locaux. Selon les animatrices, la démocratie ça se passe aussi dans ces interstices, pas seulement au conseil municipal ou dans les assemblées d’élus. D’autant que l’enjeu d’inclusion de toutes les populations est central. Or donner des droits (d’expression, de participation, d’action…), c’est gagner du respect ; c’est vieux comme le monde. Nous avons beaucoup apprécié le dynamisme roubaisien en matière « d’innovation participative » malgré la difficulté de trouver des relais politiques pour être écouté…
Notre témoignage sur la mise en place d’un collectif citoyen à Saint-André-lez-Lille
Nous pensions dénoter un peu face à ces expériences d’une autre envergure. Et bien non, nous avons beaucoup de points communs sur les méthodes, la motivation ou les difficultés rencontrées avec les autres démarches qu’elles viennent d’en haut comme à Hazebroucq, ou qu’elles émergent d’en bas comme à Roubaix.
Nous avons d’abord présenté brièvement l’aventure du Collectif, présenté comme une sorte de « FabLab citoyen », à l’objet flou – agir et faire agir – mais aux valeurs fortes. Ces valeurs se retrouvent d’ailleurs aujourd’hui dans notre démarche d’adhésion à la MRES, Maison régionale environnement et solidarité. Le meilleur marqueur de notre méthode est sans conteste le Café Citoyen andrésien qui emprunte des recettes participatives bien connues.
Nous avons également questionné la « géographie prioritaire » de la politique de la ville, qui pointe finalement des enjeux particuliers dans certains quartiers (selon la loi, les conseils citoyens sont obligatoires dans chaque quartier prioritaire de la politique de la ville). Si nous ne remettons pas en cause le besoin d’intervention spécifique selon les problématiques de chaque territoire, nous soutenons l’exigence de démocratie participative pour tous les territoires, quartiers prioritaires ou non. Si rien n’empêche les élus des quartiers « non-prioritaires » de mettre en place des structures participatives … rien ne les oblige non plus.
Enfin, nous sommes revenus sur la volonté de développer une démarche d’urbanisme participatif dans la commune de Saint-André-lez-Lille marquée par de nombreux projets urbains. Cette ambition naissante s’appuie notamment sur les échanges avec « BW Friches » à Lille-Fives. L’expérience des concertations bâclées nous motivent d’autant plus à participer à l’amélioration du dialogue citoyen dans la Métropole européenne de Lille. En restant honnête sur nos difficultés et les limites (temporaires ?) de notre mobilisation, les échanges avec le public nous ont largement confortés dans la démarche entreprise par « Le Collectif – tous acteurs de notre ville ».
Au final, il apparaît clairement que la démocratie représentative convalescente – dont le pronostic vital est engagé – ne s’en sortira pas sans la participation citoyenne.
→ Retrouvez le support de notre présentation (fichier PDF)