Démocratie en transition [1/?] – Les modes de scrutin [1/2] Un peu plus de démocratie ?
La campagne pour la présidentielle bat désormais son plein. L’actualité nous donne une excellente occasion de parler d’un sujet qui revient régulièrement au sein du Collectif : la démocratie. A travers une série d’articles, je vous propose un regard sur la démocratie et différentes expériences novatrices tentées pendant les élections. Nous parlerons des mouvements comme LaPrimaire ou encore Les Citoyens (suite à la fondation de La Maison des citoyens), et d’autres encore, parce qu’ils mettent en place de nouveaux modes d’organisation sur Internet et dans les villes pour faire participer les citoyens, mais aussi parce que ce sera l’occasion de mieux comprendre les mécanismes du système démocratique actuel.
Pour ce premier article en deux parties, LaPrimaire.org est l’occasion de parler des modes de scrutin et de découvrir un mode de vote vraiment différent : le jugement majoritaire.
Avant tout, pour ceux qui ne connaissent pas LaPrimaire, qu’est-ce que c’est ? C’est un mouvement qui s’est mis en place en avril 2016 pour permettre aux simples citoyens de s’organiser et désigner un candidat parmi eux à la présidentielle ; celui-ci portera un programme qu’il aura co-construit avec les participants à LaPrimaire. Ils ont fédéré plus de 100000 participants et 256 candidats déclarés ; un premier tour en a retenu 16 en juillet ; un second tour s’est conclu avec 5 finalistes en novembre. Jusqu’à fin-décembre, tout le monde peut voter en ligne pour le candidat qui ira à la présidentielle : Charlotte Marchandise, Roxane Revon, Nicolas Bernabeu, Michael Pettini ou Michel Bourgeois. Vous ne connaissez pas leur noms, c’est normal, c’est l’idée ! Pour en savoir plus, vous pouvez découvrir leur déclaration d’intention sur le site de LaPrimaire.org ou encore assister à l’un des débats participatifs ou aux Cafés LaPrimaire organisés dans les grandes villes de France…
Au-delà de cette expérience très intéressante (nous verrons si elle aboutit à un résultat concret pour la présidentielle), il y a un autre aspect qui retient notre attention : le mode de scrutin. Vous pensez que le mode de scrutin majoritaire à deux tours est la forme supérieure de démocratie (c’est la notre après tout !) ? Et si nous regardions ça d’un peu plus près ? A LaPrimaire, ils ont retenu le jugement majoritaire ; pourquoi donc ??? Ils l’ont illustré de manière très ludique sur cette infographie ; mais vous voudrez peut-être savoir plus précisément comment ça marche et surtout pourquoi ça marche.
Reprenons par le début et voyons les modes de scrutin que nous connaissons : les scrutins à un tour (comme
en Grande-Bretagne), à deux tours (le scrutin uninominal à deux tour est le système français), mais il en existe bien d’autres comme les scrutins à n tours (n étant le nombre de candidats) avec élimination progressive du dernier à chaque tour,…
Voilà pour commencer une petite vidéo de 6 minutes pour ceux qui ne sont pas familiers du thème : « Monsieur le président, avez-vous vraiment gagné cette élection ? » par La statistique expliquée à mon chat. Parce que c’est bien connu qu’Albert le chat n’y comprend rien, et je dois avouer que parfois, moi non plus ! Comme c’est un exemple théorique, les votants votent de la même manière aux différents tours… bon, admettons que c’est pour l’exemple.
A travers ces 5 exemples théoriques, nous constatons que le résultats des élections peut être complètement différent : là où Albert gagne au scrutin à 1 tour, c’est Emilie qui l’emporte au scrutin à 2 tours, mais encore plus surprenant, c’est Oscar qui n’émergeait jamais avec les précédents modes de scrutin qui remporte le scrutin à n tours avec élimination progressive du dernier ! C’est donc pourquoi un autre système électoral a été mis au point en 1770 (déjà !) par le mathématicien Jean-Charles de Borda où les votants attribuent des points à tous les candidats, ce coup-ci Marine est élue. Une dernière méthode qui fera gagner Max est enfin présentée : le mathématicien et philosophe Nicolas de Condorcet organise au XVIIIe siècle des comparaisons des scores des candidats 1 à 1, celui qui remporte le plus de « battle » est le vainqueur (notez que cette méthode fut exposée bien avant dès 1299 par l’écrivain Raymond Lulle). Cette vidéo est un résumé très pédagogique et intéressant pour découvrir la diversité des systèmes et être surpris par les résultats possibles, même si on ne sait pas toujours en quoi ils ne sont pas satisfaisants.
On pourra ensuite se tourner vers l’expérimentation sur le vote de valeur qui est relatée par l’association « Citoyens pour le vote de valeur » : en 2012 à l’occasion de l’élection présidentielle, plus de 11500 électeurs ont voté en ligne, par un vote classique et par un vote de valeur, afin de comparer les résultats de ces deux modes de vote. Voici les avantages qu’ils mettent en avant pour ce mode de scrutin.
Voici pour le premier volet de cet article sur le mode de scrutin. Nous reviendrons bientôt pour approfondir le sujet et enfin découvrir le mode de scrutin dont nous parlions au début : le jugement majoritaire…
[pour la suite de l’article, c’est ici]